Les données personnelles, en Chine, ne sont pas connues pour être très protégées. Pourtant la Chine représente plus d’un milliard d’habitants, soit le plus grand nombre d’internautes au monde. Face à l’explosion du volume de données générées par l’humanité, la protection de ces informations revêt un caractère de plus en plus important. Au fil du temps, les grandes puissances mondiales ont pris des mesures pour assurer la sécurité de ces données personnelles. Pourtant, la Chine a tardé à remédier à ce fléau.
Les données personnelles, c’est quoi ?
Avec l’entrée en vigueur du Règlement Général sur la Protection des Données (RGPD) le 28 mai 2018, la définition retenue est la suivante : “toute information se rapportant à une personne physique identifiée ou identifiable“. Autrement dit, les données personnelles représentent toutes informations relatives à une personne physique identifiée ou qui peut être identifiée, directement ou indirectement, par référence à un ou plusieurs éléments qui lui sont propres.
Pourquoi la Chine collecte-t-elle ces données personnelles ?
Le XXème siècle est synonyme de puissance. Après de nombreuses confrontations comme la course à l’espace, la course au pétrole, les gouvernements se livrent désormais une guerre des données. Le Big Data est une ressource précieuse, qui permet aux pays de gagner en puissance, de même qu’il permet aux entreprises d’augmenter leurs bénéfices.
Dans ce domaine là, la Chine a une façon d’agir bien à elle : elle ne s’encombre pas de scrupules. Là-bas, de nombreux sites et de nombreuses plateformes d’origine étrangère sont censurés, comme Google qui est remplacé par Baidu, par exemple. Tout est géré par le gouvernement chinois, qui ne s’encombre pas avec la protection des données personnelles, puisque celui-ci veut devancer tous ses concurrents pour devenir le leader mondial de l’IA (intelligence artificielle). Il doit également veiller à ne pas nuire à la croissance de ses géants privés de la Tech, qui misent fortement sur l’exploitation des données personnelles, afin de continuer à croître et élargir leurs activités.
Des preuves grâce à Study the Great Nation
La Chine est connue pour mettre de nombreuses applications au service de son gouvernement. Par exemple, une société allemande, Cure53, a publié un rapport dans lequel elle démontre que l’application Study the Great Nation est une application espionne. Cette application est développée par le groupe Alibaba pour apprendre à ses utilisateurs la pensée Xi Jinping mais elle permet surtout au gouvernement chinois d’accéder aux messages, aux photos, aux contacts et aux historiques de navigation de ses 100 millions d’utilisateurs. Les autorités peuvent également suivre la localisation d’un individu, activer l’enregistrement audio et même appeler un numéro.
Cette faille s’explique par un cryptage très faible ainsi qu’un stockage des fichiers sur le téléphone de manière à ce que d’autres applications puissent accéder aux données personnelles qui s’y trouvent.
La Chine suit finalement le mouvement
En 2018, l’Union Européenne a donc adopté le RGPD, de même que la Californie a instauré sa nouvelle loi Consumer Privacy Act. À l’inverse, la Chine est connue pour la collection et l’exploitation intensive des données personnelles des internautes, et non pas de leur protection. Comme nous le disions plus haut, les développeurs d’applications mobiles ne se privent pas de capturer toutes sortes d’informations afin d’alimenter d’immenses bases de données.
Mais en octobre 2020, la Chine ne surprend pas seulement Millénia, agence de communication à Bordeaux, mais le monde entier. Celle-ci propose une loi concernant directement la protection de ces fameuses données. Dans le cadre de cette initiative, la superpuissance asiatique a tenu à instaurer une liste des données personnelles nécessaires pour les différentes catégories d’applications, et vous verrez que cela ressemble de plus en plus aux conditions d’utilisation que nous connaissons ici, en Europe :
- Les applications de navigation : il est nécessaire de pouvoir accéder aux données de géolocalisation ;
- les messageries : elles doivent pouvoir accéder à l’identité de l’usager et à sa liste de contacts ;
- les applications de paiement : elles ont besoin de l’identité et des informations bancaires de l’utilisateur ;
- les plateformes de shopping en ligne : il est nécessaire pour elles d’avoir le nom et l’adresse de l’internaute ;
- les jeux vidéos et les applications de dating : ils requièrent l’identité de l’utilisateur, son âge, son sexe et son statut marital ;
Avec cette proposition de loi, la Chine fait comprendre qu’elle souhaite cesser l’utilisation de la technologie pour affaiblir les infrastructures essentielles, ou voler des données aux autres pays. Elle promet de, désormais, s’assurer que les fournisseurs de services n’installent pas de portes dérobées dans leurs produits afin d’obtenir de manière illégale des données personnelles.
Les données personnelles utilisées pour lutter contre le Covid-19
Lors de l’épidémie de Sras, en 2003, la Chine ne possédait pas de bases de données telles que le Big Data. Désormais en possession d’un tel outil, la superpuissance asiatique n’a pas hésité à le mettre au profit de la lutte contre le Coronavirus. Wu Zunyou, expert officiel en épidémiologie au centre national de la prévention et du contrôle d’épidémies, utilise ces données personnelles afin de localiser et tracer les cinq millions de personnes qui sont parties de Wuhan. Ces données proviennent en partie de la compagnie de transport ferroviaire chinoise : China Railway.
En résumé, l’avenir des données personnelles en Chine est encore incertain. Pour beaucoup, il est idyllique de croire la Chine capable de renoncer à de telles pratiques de manière aussi soudaine et de s’y tenir. Pourtant, la superpuissance asiatique cherche bel et bien à restaurer la confiance de l’Europe et des États-Unis puisque les organisations chinoises s’engagent à respecter la souveraineté, la juridiction et la gouvernance des données dans les pays étrangers.
Pour l’heure, nous ignorons encore la façon dont cette initiative sera adaptée et mise en place. Mais quoi qu’il en soit, il est bon de constater que la Chine cherche à évoluer, et dans le bon sens.
1 comment